Chapitre 5 : Départ

Publié le par Mikhael

Le Conseil avait été clair : mission prioritaire sur toute autre.

 

Mikhaël avait fait rassembler ses troupes. A proprement parler, c’étaient les troupes de la cité de Castres, en plein territoire Lengàdocien. Mais en tant que lieutenant des légions angéliques, il avait droit de lever les armées locales si besoin était. Et c’était le cas.

 

Les anges de la Pacifera, 42ème légion céleste, n’étaient pas encore arrivés sous son commandement. C’était sa légion. Celle qu’il servait et protégeait depuis ses débuts. Celle à côté de laquelle il avait mené tant de batailles contre les incursions démoniaques.

 

Mais alors que le Flael avait fait son apparition, l’équilibre fut bouleversé, et le chef fut séparé de ses troupes. Aujourd’hui, esseulé dans le royaume des Hommes, Mikhaël servait son maître, le Très Saint Archistratège de Dieu Michel sur les Terres de Castres.

 

Combattant sur de nombreux fronts, idéologiques face à Avignon, martiaux contre les démons, sociaux avec les humains du Lengàdoc, la Legio Sancti se démenait pour asseoir sa puissance en France. Aussi, les missions qui étaient généralement proposées à Mikaël étaient de l’escorte de richesses ou de seigneurs, engagement de bandits et autres pillards et parfois des matages de mutinerie, quoique rares depuis quelques années. Des missions fades, sans grands intérêts stratégiques capitaux … Une situation qui déplaisait un peu à un être aussi ambitieux que lui.

 

Pourtant, en ce jour pluvieux d'octobre, la lettre cachetée qui lui parvint lui annonçait une toute autre mission. Une de celles qui vous permettent de prouver à quel point vous êtes digne de Sa confiance. Une de celles qui vous excite alors même que vous n’avez pas encore entamé les préparatifs. Une de celles, dont vous savez que la moindre erreur pourrait être fatale …

 

Aussi prit-il la peine de vérifier lui-même l’équipement des troupes. Le moral était au beau fixe, et la carriole de vivres débordait. Il ne fallait certes pas habituer ses troupes à un confort sur le long terme, mais l’objectif de cette mission, la première de la sorte, en aurait découragé plus d’un. Aussi faisait-il ce qu’il pouvait afin de leur garantir une certaine sérénité. Au moins sur ce plan là …

 

Les troupes de Castres étaient réduites, leur spécialité restant la cavalerie lourde. Il y avait certes des centres de formation existants mais leur manque cruel d'expérience avait gêné Mikhael. En effet, depuis la fin des guerres intestines au Lengàdoc, aucune armée régulière n'avait été levée à Castres, les anciens combattants étant aujourd'hui trop âgé ou non désireux de prendre part à une nouvelle campagne, surtout si l'objectif de celle-ci restait secrète.

 

Ce manque cruel de ressources militaires ont donc obligé le Vertu à quémander de l'aide au Conseil Angélique. Des quantités suffisantes d'or furent acheminées vers Castres, afin de pallier à ce manque, pendant quelques temps. Les caisses de Castres ont ainsi été préservées, celles-ci devant servir à la défense du territoire, plutôt qu'à des missions obscures.

Mikhael et Renaud de Montfort, entamèrent donc le recrutement de mercenaires et les rangs ne tardèrent pas à être formés. Les premières réponses firent état de quelques groupes de serjants, et d'une batterie de mangonel.
De même, l'ordre de la
Lumière de Vérité a souhaité faire participer une poignée de ses membres prêcheurs afin de porter la divine parole dans cette région tourmentée.

 

Mikhaël se vit aussi adjoindre un ange de l’armée céleste, et malgré tout l’enthousiasme que lui inspirait la venue de son camarade, il l’accueillit avec une pointe de retenue. En effet, si le Conseil le faisait épaulé de la sorte, ce que la mission risquait d’être terriblement dangereuse pour les hommes. Et il était l’un de ceux, qui considéraient pleinement la Vie, même humaine.

 

Mikhaël, ange des Vertus, lieutenant de la 42ème légion céleste, et détenteur de la Cuirasse du Chevalier, trace-nous la route que nous avons à accomplir.

Iehuiah, disciple des Puissances, instructeur du Pouvoir Royal et héraut de la 33ème légion, prend ta place à mes côtés, et apportons la Lumière à ce monde.

 

Le nouvel arrivant était connu dans le monde angélique comme le protecteur des princes, car il trouvait les traîtres et détruisait leurs machinations. Un sourire léger, Mikhaël finit par se résigner au fait que leur mission serait périlleuse. Mais alors qu’il vit Iehuiah poser sa puissante main sur l’épaule d’un chevalier, la rumeur qui circulait s’inscrivit comme une vérité dans le marbre du Temps.

 

On disait que celui qui était touché par Iehuiah connaissait la félicité de servir, et savait au plus profond de lui-même ce que signifiait le sens du devoir. Car ayant intégré sa place dans l’Univers, dans la grande œuvre qu’est l’explosion de la Vie, toute place avait son importance, et que tout changement pouvait se produire à la condition sine qua non que chacun connaissait son devoir, son travail, l’accomplissant avec justesse. Et justice.

 

Un tel serviteur de Dieu, une telle puissance brute, mise à disposition de sa mission : Mikhaël appréhendait. A juste titre.

 

Ces soldats semblaient sourire, chose relative en ces temps troubles. Pourtant, il voulait inspirer l’espoir aux populations. Non pour les canaliser et contrôler les écarts, mais bel et bien parce qu’il en était persuadé.

 

Il porta son regard au loin, admirant les collines blanches et ce ciel d’un gris uniforme. Il se serait cru dans une peinture. Il ferma les yeux, apaisant son tourbillon intérieur. Il n’était pas stressé. Juste excité, par les combats à venir. Et lorsqu’il rouvrit enfin les yeux, un rayon de soleil perça un nuage, et vint inonder la plaine de sa lumière apaisante. Iehuiah se tourna vers Mikhaël, et tous deux se penchèrent respectueusement en avant, dans un silence observé par les troupes castraises. Il irradiait quelque chose de bénéfique. Tout le monde le sentait. Le départ avait été donné.

 

Le Vertu se redressa, déploya ses ailes, et annonça d’une voix claire :

 

- En route, compagnons !

 

 

 

 

 


 

 

Publié dans Lengàdoc - Fluff

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